Menaces

Aigle royal - Photo : Bruno Berthémy ©
 

Menaces potentielles

La principale menace actuelle concerne l’aménagement des espaces naturels, notamment en zone de montagne. La multiplication des pistes, de chemins et sentiers, ou encore le développement de l’urbanisation, accentuent considérablement la pression anthropique sur des sites de plus en plus accessibles. Bien que sachant s’adapter à de nouvelles situations et à un certain degré d’anthropisation des habitats, l’Aigle royal ne demeure pas moins extrêmement vulnérable aux dérangements sur ses terrains de chasse et en particulier aux abords du site de nidification. La désertion de certains sites de nidification a été observée à la suite de la création de pistes. Les Aigles royaux en sont alors parfois réduits à délaisser des sites de nidification favorables pour d’autres nettement moins intéressants et plus vulnérables. L’aménagement de falaises à des fins ludiques (via-ferrata, voies d’escalade), est une menace supplémentaire dans les espaces non protégés. Le survol civil et militaire des sites de reproduction par des aéronefs, peut entraîner l’abandon de l’aire. Toutes les activités humaines, pratiquées à proximité des aires entre novembre et août (chantiers forestiers, sports de pleine nature…) sont d’une manière générale très néfastes. Le développement récent des parcs éoliens sur les territoires à aigle peut perturber fortement les couples en place. Dans le cas des Corbières maritimes, même si le risque de collision semble faible, la perte de territoire et les perturbations : création de pistes, maintenance journalière, tourisme ont un impact important.
La fermeture du milieu, suite à la régression du pastoralisme et à la reforestation, peut pénaliser l’Aigle royal pour l’accès à la ressource trophique. Dans le Massif central, la diminution des effectifs de lapins, liée à l’évolution de la myxomatose pendant les années 1950-1960, affecta gravement les populations d’aigles. Sur 34 sites de reproduction, 23 ont alors été abandonnés. Cette diminution du nombre de proies disponibles, associée à de nombreuses destructions, a conduit à une régression des couples d’aigles et à un agrandissement de leurs territoires [1].
La présence de nombreuses lignes électriques aériennes ou de câbles de remontées mécaniques en travers des gorges, sur le rebord des plateaux et à flanc de versant, provoque de lourdes pertes par électrocution ou collision. Des cas d’empoisonnement sont toujours à déplorer. Cette dernière menace est à prendre très au sérieux dans les secteurs à nouveau fréquentés par les grands carnivores (ours, loup). Au moins cinq aigles royaux ont été retrouvés empoisonnés en 2005, dans les Alpes et les Pyrénées.

 

Figure. C. Couloumy – Représentation des causes de la mortalité (janvier 1975 à janvier 2010) de l’Aigle royal (n=169/242)