25e Rencontres Vautours



 

25e Rencontres du Réseau Vautours 

Les 25e Rencontres du réseau Vautours France auront lieu au lycée agricole La Cazotte à Saint-Affrique (12) du 25 au 27 octobre 2019

Editorial

Le Groupe Vautours France fête ses 25 ans !

On peut dire que la conservation des vautours est née en France dans les années 60.
À cette époque, les grands réservoirs de rapaces nécrophages comme l’Afrique et l’Asie et surtout les Indes semblaient inépuisables. Dans ces contrées, des millions de vautours étaient appréciés pour les services qu’ils rendaient comme éboueurs de la nature et aussi pour leur rôle de sépulture aérienne, qui leur était attribué par certaines religions.
En Europe par contre leurs populations étaient clairsemées et nombre de pays avaient déjà perdu une grande partie de leurs vautours. Dans les années 60, il devint indispensable de changer les lois pour obtenir la protection de ces oiseaux souvent encore classés nuisibles, d’obtenir l’interdiction de l’usage des poisons utilisés pour éliminer les carnivores et de découvrir tout un ensemble de techniques de conservation adaptées à ces grands rapaces, comme par exemple les « restaurants à vautours ».
En France, au début des années 70, est né dans les Grands Causses du Massif Central, un projet de réintroduction des vautours fauves et une lente recolonisation des antiques territoires fréquentés depuis des siècles par les grands rapaces se mit en place.
En 1994, les succès spectaculaires de la colonie pionnière caussenarde avait déjà suscité des vocations et nombre de projets avaient débuté ou souhaitaient le faire, dans le sud de la France. Le besoin de définir une stratégie pour organiser au mieux le retour des vautours et tout à la fois définir un mode de suivi des vautours libérés dans le Massif central et le sud des Alpes devenait impérieux. Sous la responsabilité d’un jeune scientifique, François Sarrazin, qui avait travaillé dans les Causses pour développer différents thèmes de recherche, la première réunion du « Groupe Vautours France » , structurée par le FIR et la LPO se tint dans le Laboratoire d‘Ecologie de l’Université Pierre et Marie Curie à Paris.
Tout était à faire pour construire un réseau de compétences autour des vautours, et la première des exigences fut de rapprocher les biologistes des Pyrénées et des Causses qui travaillaient sur ces espèces. Définir les meilleurs moyens de suivi, de baguage, pour mieux connaître la dynamique de leurs populations furent les premiers objectifs réalisés. Tout au long des 25 années de travail en commun, les équipes caussenardes, pyrénéennes et enfin alpines, accumulèrent 80.000 données concernant les vautours fauves puis moines, ce qui fait de ce travail de suivi l’un des plus importants au monde.
En même temps, l’accroissement spectaculaire des populations de vautours, imposaient d’ouvrir les domaines de recherche vers la connaissance des déplacements de ces oiseaux, les modes de recherche alimentaire, les causes de mortalité…
Les vautours dans le même temps apprenaient à se déplacer pour retrouver leurs anciennes voies d’erratisme ou de déplacements annuels et l’ouverture du Groupe Vautours vers d’autres pays devenait une évidence. La fermeture des charniers appelés « muladares » en Espagne, dans le tournant du siècle, à la suite de l’épidémie de la « vache folle », allait poser un problème grave de gestion de ces rapaces nécrophages dans l’ensemble du Massif Pyrénéen. Privés en grande partie des sources habituelles de nourriture qu’étaient ces charniers non contrôlés, les milliers de couples de vautours de Navarre, d’Aragon ou de Catalogne, prirent l’habitude de venir se nourrir en France où leur nombre et certains cas de mises bas de vaches mal interprétés, allait déclencher une vague d’hostilité sans précédent, contre des oiseaux considérés jusqu’alors comme des auxilliaires de l’élevage. L’apparition d’une véritable obsession basée sur le mythe des « vautours qui attaquent » mobilisa une bonne partie des énergies, à la fois pour calmer le jeu et retrouver un dialogue serein avec le monde des bergers.
Dans ce domaine, le Groupe Vautours allait focaliser ses efforts pour faire accepter d’abord puis pour généraliser le mode de nourrissage, basé sur des placettes d’alimentation, alimentées par les éleveurs eux-mêmes. Cette technique, réplique fidèle du mode ancestral de nourrissage de ces oiseaux avait depuis plus de 10 ans, mobilisé les compétences et l’énergie du FIR puis de la LPO. Il fallait maintenant le mettre en place avec les mesures financières incitatives pour engager les éleveurs dans ce travail où bergers comme oiseaux nécrophages seraient gagnants. Aujourd’hui des centaines de ces placettes, certaines pour les vautours, d’autres plus spécialisées vers les milans, les vautours percnoptères… fonctionnent en France et ont contribué à retrouver des relations pacifiées entre les éleveurs et les rapaces nécrophages.
Durant ces 25 années de rencontres et de passions partagées au sein de ce Groupe Vautours, nous avons eu le plaisir de constater que l’effort fait en France avait désormais une résonnance dans d’autres pays d’Europe. Une Vulture Conservation Foundation est venu structurer avec efficacité la conservation des vautours au plan européen et de plus en plus de projets ou programmes nationaux se conjuguent désormais au plan international, enrichissant ainsi la diversité de nos compétences, et la richesse de nos échanges.
Actuellement les objectifs de notre Groupe vautours se déclinent en fonction de nouvelles menaces comme la mortalité induite par le développement des installations éoliennes ou encore plus gravement comme la tragédie du poison.
Les innombrables cas d’empoisonnements de vautours en Afrique,
qu’ils visent l’extermination des carnivores ou qu’ils soient la conséquence du braconnage des éléphants, justifient une prise de conscience eurafricaine pour ne pas dire mondiale face à ce nouveau fléau.
Nous ne sauverons pas nos vautours (dont beaucoup sont des migrateurs vers l’Afrique) sans tenir compte de la situation des rapaces nécrophages de ce continent. Nous ne sauverons pas nos vautours, nos percnoptères et nos gypaètes, si nous laissons le poison sous toutes ses formes anéantir les chances de leur retour dans l’ensemble du vieux continent.
La question de la survie des vautours sur notre planète, se pose à nouveau avec une intensité que nous ne connaissions pas. Il est temps de retrouver la force et la créativité de nos réseaux pour participer à ce combat.

Michel Terrasse
Mission Rapaces LPO,
Administrateur de la LPO,
Advisory Committee de la Vulture Conservation Foundati

 Dépliant des 25e Rencontres à télécharger et distribuer