Suivi et conservation

 

Les plans nationaux d'actions

Plan national de restauration (2003-2007)
Dans le cadre des engagements internationaux de la France, le ministère chargé de l’environnement a élaboré des plans d’actions pour la conservation de la biodiversité. L’objectif général de ces plans est d’améliorer les connaissances en vue d’une meilleure conservation des espèces menacées de la faune et de la flore. Les plans de restauration sont la continuité de cette démarche. Ils sont mis en œuvre pour des espèces dont le statut de conservation est défavorable. Le choix des espèces repose sur les critères suivants : caractère menacé aux niveaux national et européen et responsabilité patrimoniale de la France.
Face aux effondrements des populations de milans royaux en France mais également dans le reste de l’Europe, la LPO lance dès 1999 un appel alarmant sur la situation critique de l’espèce. Un groupe de travail se constitue aussitôt sous l’égide du ministère en charge de l’environnement. S’en suit une commande par le ministère de la rédaction d’un plan national de restauration et le lancement d’une enquête sur son statut en Europe.

Rédigé par la LPO et validé par le Conseil national de protection de la nature en 2002, ce plan d’action a été établi pour 5 ans (2003-2007) et a eu pour objectif général de stopper le déclin des effectifs français et de restaurer les populations. Cet objectif s'est décliné en 5 objectifs spécifiques et 11 actions. Pour en savoir plus, cliquez ici (fiche 2 du cahier technique).

Achevé en 2007, ce plan a fait l’objet d’un bilan et d’une évaluation. Au vu des conclusions, la mise en place d’un second plan d’action a été actée par le Ministère en charge de l’Environnement. Sa rédaction a été confiée, en 2012, à la LPO Mission rapaces, la LPO Auvergne et la LPO Champagne-Ardenne. Durant la période de transition, les actions du premier plan ont été poursuivies.

Second Plan national d'actions (2018-2027)
Fin 2017, un second plan national d'actions en faveur du Milan royal a été validé par le Ministère de la transition écologique et solidaire et la DREAL Grand Est. Lancé pour 10 ans (2018-2027), il a pour double objectif de consolider les noyaux de population existants et de retrouver une population viable à l’échelle de l’aire de répartition indiquée par l’atlas des oiseaux nicheurs de 1994.

Ce plan d'actions comprend les six objectifs spécifiques suivants :
• favoriser la prise en compte du plan d’actions dans les politiques publiques
• améliorer les connaissances
• maintenir, améliorer et restau et rer l’habitat – Étendre l’aire de répartition
• réduire la mortalité
• favoriser l’acceptation locale. 
• coordonner le plan et diffuser les connaissances et les pratiques

Ces derniers se déclinent en 19 actions à mettre en oeuvre, chacune d’entre elles faisant l’objet d’une fiche descriptive.
Le PNA est téléchargeable ici.
La plaquette de présentation du PNA est téléchargeable ici.

La coordination technique de ce PNA est assurée par la DREAL Grand Est qui a désigné la LPO comme animatrice du plan.

 

Inventaire et suivi (nicheurs, hivernants et migrateurs)

Enquête nationale "Milans et busards" (2019-2021)

Une vaste enquête nationale sur les populations nicheuses de milans et de busards est lancée en France en 2019 et 2020*. Elle porte sur les cinq espèces suivantes : Milan royal, Milan noir, Busard cendré, Busard saint-Martin et Busard des roseaux. Elle a pour objectifs de dégager des tendances d'évolution, d'estimer les tailles des populations nicheuses et d'affiner les aires de répartition de ces cinq espèces.
La stratégie d'échantillonnage s'appuie largement sur la méthodologie de l'enquête Rapaces nicheurs de France et de l'Observatoire rapaces : un tirage aléatoire des carrés centraux des cartes 1:25 000 a été réalisé en privilégiant les carrés réalisés lors de l’enquête Rapaces nicheurs de France (2000-2002) et lors des enquêtes spécifiques réalisées il y a une décennie (Milan royal en 2008, busards en 2010-11).
Au final, le tirage pour la France métropolitaine compte un total de 611 carrés présentés sur la carte ci-dessous. La Corse bénéficie d'un tirage spécifique qui n'apparaît pas sur cette carte.
*Compte tenu de la crise sanitaire qui a fortement perturbé la saison 2020, l'enquête sera prolongée en 2021.


Retrouvez ci-après les informations détaillées sur cette enquête :
- le texte de présentation de l'enquête ;
- les consignes de terrain
- le fichier de restitution des données ; les données sont à restituer via les coordinateurs qui sont chargés de les vérifier avant de les transmettre à leur tour au niveau national. Des vidéos d'aide au remplissage du fichier de restitution sont disponibles sur le site busards.com. Pour la vérification de conformité des données, un outils en ligne sera mis à disposition prochainement sur ce même site.
Le tirage (en format xls, kmz, shp) est disponible auprès des coordinateurs.
Pour participer, contactez votre coordinateur "milans" local ou la coordination nationale (dont vous trouverez les coordonnées ici)

Suivi de la reproduction

Chaque année, des ornithologues salariés et bénévoles s'emploient à repérer les couples nicheurs de milans royaux dans leur département et à surveiller le déroulement de la reproduction. L'issue de la reproduction (réussite ou échec et nombre de jeunes parvenant à l'envol) est un facteur clé pour mesurer l'état de santé d'une population. Une productivité élevée témoigne d'une population dynamique.

Bilan du suivi Milan royal (2002 à 2018)

Cliquez sur l'année dont vous souhaitez consulter le bilan annuel du suivi Milan royal: 
2002 / 2003 / 2004 / 2005 / 2006 / 2007 / 2008 / 2009 / 2010 / 2011 / 2012 / 2013 / 2014 / 2015 / 2016 / 2017 / 2018
Tous les numéros des Cahiers de la surveillance, de 1998 à 2017 sont disponibles depuis ce lien.

Pour que vos données de suivi soient intégrées à la synthèse annuelle, remplissez cette fiche et retournez-la à la LPO.

Suivi des zones échantillons

Certaines zones sont suivies de manière plus assidue selon un protocole précis. Si vous êtes un observateur motivé, prêt à vous engager sur plusieurs années pour suivre une population de Milan royal proche de chez vous, contactez Aymeric Mionnet.

 Carte des zones échantillons suivies:

 

Bilan de la reproduction du Milan royal en 2016:

 

La 6e rencontre nationale du réseau Milan royal a eu lieu du 7 au 9 octobre 2016. Pour télécharger la présentation complète du bilan de la reproduction du Milan royal en France en 2016, cliquez ici.

Inventaire et suivi des hivernants

La France est la deuxième destination des milans royaux en hiver après l'Espagne, avec plus de 5 000 individus. Il est possible d'avoir une vision assez exhaustive du statut hivernal de l'espèce car les milans sont comptabilisés lorsqu'ils se regroupent pour dormir. Les dortoirs font l'objet d'un dénombrement entre le 15/12 et le 15/01. C'est en effet, la meilleure période pour repérer un véritable dortoir d'hivernants car en dehors de ces dates, il peut s'agir de migrateurs en halte.

Depuis 2007, à l’instar des dénombrements annuels des oiseaux d’eau hivernants (Wetlands International), un comptage simultané des dortoirs hivernaux est réalisé chaque année début janvier. Cette opération est possible grâce à la participation d’un très grand nombre de bénévoles (plus de 150 observateurs appartenant à une vingtaine d’associations naturalistes). Ces inventaires fournissent une première image précise de l’aire de répartition de l’espèce en hivernage et une estimation proche de l’exhaustivité de l’effectif national.

 

 Hivernage du Milan royal en janvier 2019 : 

Localisation et effectifs de l'hivernage en France (2005/2006 à 2018) :

Les chiffres de l’hivernage en France (2008 à 2019) à télécharger ici

Vous pouvez intégrer le réseau des observateurs ou transmettre vos informations d'oiseaux hivernants en contactant la LPO. Téléchargez ici la fiche de synthèse du comptage simultané des dortoirs de milans royaux.

Depuis 2007, nos confrères suisses ont également participé à ces comptages. La France encourage vivement les autres pays européens abritant des hivernants à participer à ces dénombrements.

Le suivi des hivernants est l’occasion aussi, par le biais des programmes de marquages alaires de mieux connaître l’origine des oiseaux hivernants ou bien encore de mieux connaître les comportements et habitudes des milans royaux en période hivernale. 

Suivi des migrateurs

La France occupe une position privilégiée en Europe pour le suivi de la migration du milan royal puisque, mis à part la population de la péninsule ibérique, les quelques individus sédentaires du nord de l’Europe et les individus orientaux, la quasi-totalité de la population mondiale transite par la France pour rejoindre le zones d’hivernage en France et surtout en Espagne. Une part non négligeable des milans royaux ne franchit pas la barrière pyrénéenne et hiverne au nord du massif. Aussi, la somme des individus hivernant en France et des individus franchisant les cols pyrénéens devrait permettre d’évaluer de façon précise, à condition de connaître les effectifs hivernants ailleurs en Europe, la population européenne non-ibérique. Le suivi de la migration transpyrénéenne revêt donc un intérêt capital pour apprécier la dynamique de ces populations. Or, dès 1991, Organbidexka col libre (OCL), association assurant le dénombrement des oiseaux migrateurs sur les cols du Pays basque, tire le signal d’alarme quant aux effectifs de milans royaux. Au fil des années, la tendance se confirme, avec en 2002 seulement 5067 oiseaux comptabilisés. Puis, dès le début des années 2000, la tendance s'inverse. Les effectifs de milans royaux progressent au fil des années, avec un nouveau record de plus de 19 400 individus recensés à l'automne 2017 sur les trois sites de migration. Les records annuels sont également dépassés sur chacun des sites (8 796 à Organbidexka, 6 548 à Lindus et 4 367 à Lizarrieta). C’est la preuve du grand retour de cette espèce en Europe après les inquiétudes du début des années 2000.
Pour en savoir plus : http://www.migraction.net/

 Evolution interannuelle des effectifs de milans royaux sur les 3 sites de migration du Pays basque (Organbidexka, Lindux et Lizarrieta)
 

Baguage/marquage

Le baguage et le marquage sont des opérations scientifiques placées sous l’autorité du Muséum national d’histoire naturelle de Paris (Centre de recherche sur la biologie des populations d'oiseaux - CRBPO). Elles sont nécessaires pour connaître le fonctionnement des populations.
Le marquage alaire est couramment utilisé chez les rapaces planeurs. La pose de marques en plastique sur les ailes permet une reconnaissance individuelle de chaque oiseau à une distance de plusieurs centaines de mètres. Un programme de marquage alaire a débuté en 2005 en France sur le milan royal. Il vise, d’une part, à connaître la dynamique des populations et le taux de survie des individus. Il doit, d’autre part, permettre d’obtenir des informations sur la localisation des zones d’hivernage, la philopatrie, l’identification et la taille des territoires, la fidélité des partenaires ou encore les liens familiaux.

Une marque composée de 2 couleurs (7 couleurs au total) est fixée sur chaque aile de l’oiseau (jeunes de l’année uniquement). La lecture se fait de haut en bas et de l’aile gauche vers l’aile droite.
La marque posée sur l’aile gauche renseigne sur l’origine géographique :

  • rouge : Massif central
  • blanc : Franche-Comté (Blanc / Blanc)
  • noir : nord-est (Noir / Blanc pour la Champagne-Ardenne, Noir / Rouge pour la Bourgogne)
  • bleu : Pyrénées

Voici quelques exemples d’oiseaux marqués en France :

 

   

 

Puis en vol : 

 

 

Même de mauvaise qualité, les photos permettent souvent de lire les marques.

 

La lecture des marques se fait de la façon suivante :

 

 

D’autres programmes de marquage alaires sont menés dans d’autres pays européens. Il est par conséquent possible d’observer des milans royaux avec un marquage utilisant d’autres combinaisons.

Quelques exemples en images :

 

 

Pour plus d’infos sur les programmes de marquage, cliquez ici (fiche 7 du cahier technique).
En cas d'observation d'un oiseau marqué, vous pouvez retranscrire votre observation sur la fiche à télécharger (format PDF ou Excel) et l'envoyer au coordinateur du programme Aymeric Mionnet.

 

 

 Répartition annuelle et géographique des oiseaux marqués
 

Placettes d’alimentation

La démarche « placettes d’alimentation » constitue une prolongation des charniers lourds mis en œuvre dans le cadre des programmes de réintroduction des vautours fauve et moine dans les Grands-Causses. Ces charniers permettaient de soutenir la réintroduction de ces deux espèces de vautours par la mise à disposition de nourriture à proximité des aires de lâchers. Les placettes d’alimentation moins contraignantes sont destinées à se substituer aux charniers lourds tout en favorisant la mise à disposition des ressources alimentaires inaccessibles en raison de la législation.
Aujourd’hui, la réglementation reconnaît le rôle positif des rapaces nécrophages comme auxiliaires de l’équarrissage. La création de placettes devient par conséquent un outil de conservation pour le milan royal. Ces zones de nourrissages sont en effet un moyen de pallier la disparition des populations proies et la fermeture des décharges. Elles permettent aussi d’offrir une alimentation saine (réduisant ainsi le risque d’empoisonnement lors, notamment, des traitements à la bromadiolone). Elles s’avèrent donc être une mesure susceptible de contribuer à l’enrayement du déclin alarmant de l’espèce. Elles ne doivent pas pour autant se substituer à un travail de fond indispensable sur la restauration des milieux et l’amélioration des pratiques agricoles.
Pour en savoir plus sur les placettes, cliquez ici (fiches 9 et 9bis du cahier technique).

A l’heure actuelle, près d'une vingtaine de placettes d’alimentation (dont plusieurs "placettes éleveurs") sont alimentées pour le milan royal.

 Plusieurs placettes d'alimentation sont équipées d'un piège photographique afin de suivre la fréquentation des placettes et évaluer leur efficacité. C'est le cas notamment de cette placette éleveur située dans le Lot.


Placette d'alimentation pour le Milan royal par MissionRapaces

 
 

Vigilance poison

Afin d’appréhender et de hiérarchiser les causes de mortalité du milan royal, tout cadavre de milan découvert est collecté pour autopsie (assurée par le CNITV) et analyses toxicologiques (par un laboratoire spécialisé). Cette action dite de « vigilance poison » repose sur un réseau d’observateurs et un comité de spécialistes constitués de vétérinaires, toxicologues et ornithologues.
Chaque année, plusieurs dizaines de cadavres sont découverts sur le territoire national : 66 en 2011, 38 en 2017, 46 en 2018. 
Les principales causes de mortalité sont l'empoisonnement volontaire et illégal (usage notamment d'appâts empoisonnés) et l'empoisonnement involontaire et indirect (lors de traitements à la bromadiolone contre les campagnols terrestres). Le milan royal est également victime de tirs, de collisions (avec des véhicules, des lignes électriques, des éoliennes), d'électrocutions...

En cas de découverte d’un cadavre de milan royal (ou plus généralement de rapace nécrophage), merci de prévenir au plus vite la LPO ou l’association locale (voir rubrique "Où et comment agir ?"). Si possible, merci de remplir la fiche téléchargeable ici (fiche 11 du cahier technique). Il est également recommandé de prévenir l'ONCFS via le service départemental concerné (coordonnées à retrouver ici).

En cas de découverte d'un milan royal blessé, merci de contacter au plus vite l'association locale ou le centre de soins le plus proche (coordonnées à retrouver ici).

 

Mais aussi…

Réseau Natura 2000 : les réseaux de ZICO et ZNIEFF ont été réactualisés, des ZPS ont été désignées en faveur du milan royal. Aujourd’hui, 11 à 20 % des effectifs nicheurs sont inclus dans des ZPS. Cette fourchette reste toutefois largement insuffisante au regard de la responsabilité de la France vis-à-vis de la conservation de l’espèce en Europe et de la situation de l’espèce aux niveaux national et européen.

Mesures agro-environnementales : en 2005, des contrats d’agricultures durables (CAD) favorables au milan royal ont été mise en place dans certaines ZPS tandis que des Mesures agro-environnementales (MAE) ont été expérimentées fin 2007 dans le Bassigny (Haute-Marne). Si les outils disponibles sont peu adaptés à l’espèce, il convient toutefois de mettre en place des mesures visant à maintenir les sites de nidification (maintien des haies, arbres isolés…), à maintenir des zones de chasse favorables (pâturage extensif, maintien des prairies naturelles, limiter les traitements chimiques…).

Veille de la population corse : alors que le milan royal connaît un déclin en France continentale, la situation de l’espèce en Corse est tout autre. Le bon état de cette population, insulaire et sédentaire, est lié à une conjonction de facteurs tels que le respect de sa protection, le maintien de vastes espaces ouverts, le développement du lapin introduit sur l’île dans les années 1950…Compte tenu de cette situation atypique, une veille du statut de la population est assurée.

Réintroduction : un programme de réintroduction a été initié en Toscane dès 2007 en collaboration notamment avec la Corse. Plusieurs jeunes milans ont été prélevés dans des nids, sur l’île de Beauté, et relâchés en Toscane. Ce projet vise à reconstituer une population stable dans le centre de l’Italie.

Etude du régime alimentaire : plusieurs aires de milans royaux ont été équipées de pièges photographiques, en Champagne et dans la Loire, afin d'étudier le régime alimentaire des couples nicheurs. Des milliers de photos et des séquences vidéos ont ainsi été collectés et analysés. Se reporter aux Milan info n°22 & 23 et 29 & 30.
La séquence suivante montre une femelle de milan royal protégeant ses jeunes lors d'un violent orage en Champagne.


Suivi par piège photographique d'une aire de... par MissionRapaces  

En Champagne, ce suivi a été réalisé avec un HCO Scoutguard gracieusement prêté par le magasin Pièges photographiques.

 

Ailleurs en Europe (le plan d’action européen)

Le milan royal est une espèce endémique à l’Europe, autrement dit, sa répartition est exclusivement européenne. Or, cet oiseau figure aujourd’hui parmi les espèces quasi-menacées à l’échelle communautaire. Nos confrères de République tchèque, d’Angleterre, de Suisse, etc. se mobilisent donc également en faveur de sa sauvegarde.
Une protection efficace de la population européenne nécessite d’étroites collaborations entre les différents pays. A la demande de la Commission européenne, un Plan d'actions européen sur le milan royal a été rédigé et validé en 2010. Ce dernier devait être lancé pour une durée de 10 ans mais faute de financements associés, aucune coordination européenne n'a été mise en oeuvre.