Événements Publié le 8 juin 2015
Entracque (Italie), 6 juin 2015 (AFP) - Deux jeunes gypaètes barbus, des
vautours considérés comme les plus grands rapaces d'Europe, ont été lâchés
samedi dans les Alpes du sud, une opération qui a mis un terme dans ce massif
à un programme international de réintroduction démarré en 1986.
Menée par la Fondation pour la sauvegarde des vautours, l'opération a eu
lieu en Italie, en présence de plusieurs dizaines de curieux et de passionnés,
sur la commune d'Entracque, dans le Piémont, dans le parc naturel Alpi
Marittime qui jouxte celui du Mercantour, en France.
Deux poussins mâles âgés de trois mois et pesant 6 kilos chacun, arrivés
vendredi après un voyage de 48 heures, du zoo d'Ostrava, en République
tchèque, ont été acheminés à dos d'homme jusqu'à leur nid, situé sur un piton
rocheux difficile d'accès à plus de 1.500 m d'altitude.
Disposant d'eau et de nourriture, les bébés, nommés Roman et Herculis, vont
être observés pendant deux mois encore par les ornithologues, qui vont
s'assurer qu'ils s'adaptent correctement à leur nouvel environnement. Les deux
poussins ont été prénommés ainsi en référence à des quartiers de Monaco, à la
demande du la Fondation Prince Albert II de Monaco qui finance depuis 2008, à
hauteur de 25.000 euros par an, la réintroduction de cette espèce dans le parc
du Mercantour et chez son homologue transalpin.
Au total, 38 zoos et 5 centres d'élevage en Europe participent à ce
programme qui aura permis, en l'espace de trois décennies, de réintroduire 235
gypaètes barbus dans les Alpes françaises, suisses, autrichiennes ou
italiennes, ainsi qu'en Andalousie et dans les Cévennes.
Victime des chasseurs et des empoisonnements accidentels, le gypaète barbu
avait disparu du massif alpin en 1913. En Europe, l'espèce n'avait réussi à se
maintenir qu'en Crète, dans les Pyrénées ainsi qu'en Corse.
"La croissance démographique de la population des gypaètes, même si elle
est lente car seul un petit survit chaque année au sein de chaque couple, est
aujourd'hui très satisfaisante dans les Alpes, avec 33 couples qui s'y
reproduisent", s'est félicité José Tavares, directeur de la Fondation pour la
sauvegarde des vautours.
"Même s'il n'est pas impossible que nous assurions de nouveaux lâchers dans
les Alpes à l'avenir si le besoin s'en fait sentir, la priorité est désormais
de se concentrer sur la réintroduction de l'espèce en Corse, où elle est en
voie d'extinction, ainsi que dans les Cévennes pour faire la jonction entre la
population alpine et la population pyrénéenne, et à plus long terme dans les
Balkans", a-t-il ajouté.